Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Helium
24 juillet 2011

CHAPITRE 16 - FIN DU ROMAN

Jodie a passé les vacances de Noël chez ses parents en France. Elle est de nouveau dans l’avion qui vient d’atterrir à New York. Elle marche jusqu’à la plateforme et cherche du regard ses amis. Pas de John ni de Mike. « Peut-être m’attendent-ils à la sortie de l’aéroport » pense-t-elle. Elle arrive à la sortie mais là non plus ils n’y sont pas. « Pourtant, je leur ai bien annoncé mon arrivée à 9h30 aujourd’hui » se dit-elle. Elle sort et se résoud à prendre un taxi. La voiture se gare en bas de l’immeuble des Birdman. Jodie paie le taxi, prend ses valises et pénètre dans l’ascenseur de l’immeuble, en direction du 19e étage. Elle frappe à la porte de l’appartement, personne ne vient ouvrir. La jeune fille se dit qu’elle a mal cherché, qu’ils doivent encore être à l’aéroport en train de l’attendre. Elle soupire et se laisse glisser le long du mur pour s’asseoir par terre. Elle se dit qu’ils se douteraient qu’elle serait rentrée en taxi et qu’ils reviendraient ici, il faut attendre.

Au bout de quelques minutes, la jeune voyageuse perçoit des bruits de pas lourds derrière la porte. Elle bondit.

-          C’est toi Jodie ? fait la voix de Mike.

-          Oui, par pitié, ouvre-moi ! Ca fait dix minutes que j’attends à la porte ! Serais-tu devenu sourd ? lâche-t-elle d’un air moqueur.

Le jeune homme ouvre la porte. Jodie s’apprête à lui sauter au cou mais elle stoppe brusquement son élan, le sourire qu’elle avait sur les lèvres disparaît et elle prend maintenant un air grave et stupéfait devant ce qu’elle a sous les yeux : son ami est encore en pyjama à cette heure avancée de la matinée, il se tient dans l’encadrement de la porte les yeux cernés et tristes, les traits de son visage tendus, les cheveux encore plus ébouriffés que qu’habitude. Son sourire enjôleur ne l’accompagne pas. Après être restée un moment sans voix, Jodie s’exclame :

-          Qu’est-ce qui se passe ?

Le jeune homme essaie de parler mais son menton tremble et ses yeux se gonflent de larmes. Il murmure d’une voix étranglée :

-          Papa est mort.

Jodie ouvre grands ses yeux, elle se met à trembler, son cœur s’est soudain mis à battre à une allure folle si bien qu’elle croit qu’elle va s’évanouir.

-          Quoi ? gémit-elle.

Mike se précipite sur le canapé et cache sa tête dans un coussin. La jeune fille entend les gémissements de ses pleurs assourdis. Elle s’avance vers lui et met son bras autour de ses épaules, elle bredouille :

-          Mike… explique-moi !

Elle regarde son ami pleurer ébahie, inquiète, désemparée.

-          Laisse-le Jodie, fait une voix derrière elle.

Jodie se retourne et reconnait Kelly, les yeux remplis de larmes elle aussi. Elle s’avance et prend Jodie dans ses bras, puis elle explique en parlant doucement :

-          John a eu une attaque cardiaque hier soir. Il a été immédiatement hospitalisé, mais deux heures après, il… il nous a quittés…

Jodie murmure :

-          Ce n’est pas vrai, ce n’est pas possible ! Pourquoi ? Pourquoi ?

Elle finit par fondre en larmes elle-aussi.

 

Les deux adolescents sont dans la chambre de Mike tous deux assis sur le lit, la tête entre les mains. Il s’est passé quelques heures depuis le retour de Jodie. Kelly pousse délicatement la porte et annonce :

-          Le déjeuner est servi.

Mike lève les yeux vers elle et dit d’une voix méprisante :

-          Pas faim.

Kelly ne semble pas fâchée, elle questionne Jodie :

-          Et toi, tu mangeras bien un peu ?

D’une voix tremblante, la jeune fille répond :

-          Non merci.

 

Dans l’appartement luxueux habitent à présent trois personnes désolées et défigurées par le chagrin : Jodie, Mike et Kelly.

La vie reprend peu à peu son cours normal pour Jodie, elle retourne en classe, au contraire de Mike qui ne dort plus, ne mange presque plus et ne sort plus de sa chambre où il reste toute la journée en pyjama à ne rien faire.

Un soir, Kelly se rend dans sa chambre et se décide à intervenir :

-          Mike, s’il te plait écoute ce que j’ai à te dire…

-          Tu n’as pas de conseils à me donner ! s’écrit Mike avec violence.

-          Tu te trompes ! J’aimerais que tu sortes de cette chambre qui sent le renfermé, que tu manges, que tu t’habilles et que tu retournes au lycée. Ce n’est pas en te laissant aller que tu reprendras le dessus sur tes idées noires.

Il baisse la tête, faisant mine de ne pas prêter attention aux propos de la jeune femme. Celle-ci continue :

-          Prends l’exemple de Jodie, elle aussi souffre de la disparition de John, il était comme un père pour elle. Mais elle ne le montre pas. Toi, tu te conduis comme un enfant.

Ces derniers mots mettent Mike dans une grande révolte :

-          Ca c’est un peu fort ! Mon père est mort pas ta faute et tu voudrais que je continue à vivre comme si de rien n’était !

-          Mike, calme-toi ! De quel droit oses-tu prétendre que c’est ma faute si ton père…

-          Tu t’es intéressée à lui pour son argent ! C’est toi qui as déséquilibré sa vie ! C’est à cause de toi que son cœur a lâché !

-          Parce que tu crois que je ne l’aimais pas ! Oh, Mike, si tu savais le mal que tu me fais !

Elle se met à fondre en larmes. Le jeune homme la fixe froidement. Kelly reprend :

-          J’aimais ton père, tu m’entends, je l’aimais ! J’essaie en vain depuis que je suis ici de changer tes sentiments pour moi, mais je n’imaginais pas que tu me détestais à ce point. Et moi, je te considère comme mon propre fils parce que tu es celui du seul homme que j’aimais !

Elle se dirige ensuite vers la porte et sort. Mike l’entend verser des larmes avec de grands gémissements. Il a soudain l’air désolé d’avoir mis l’amie de son père dans cet état. Ses dernières paroles lui ont semblé sincères et il regrette de l’avoir traitée avec autant de mépris. Il se lève, ouvre la porte et va à la rencontre de Kelly. Il reste debout près d’elle sans bouger pendant un moment, puis se décide à s’excuser :

-          Kelly, pardonne-moi. Tu sais… c’est difficile d’admettre que quelqu’un entre soudain dans le cœur de la personne qu’on aime le plus au monde, quand on a eu le privilège de l’avoir eu pour soi durant plus de quinze années…

Kelly lève un regard attendrissant vers le jeune homme et murmure :

-          Enfin, Mike, tu me pardonnes d’être entrée dans le cœur de ton père ! Est-ce que je peux espérer entrer un peu dans le tien  à présent ?

Le jeune homme répond d’une voix hésitante :

-          Peut-être, oui.

 

Jodie rentre du lycée. Il est tard. Du séjour, une odeur lui fait deviner que le dîner est prêt. Elle entre dans la cuisine et trouve Kelly attablée.

-          Kelly, dit-elle, j’ai parlé à mes parents. Ils vont m’inscrire dans un lycée scientifique à Paris, je ne veux pas m’imposer, je retourne en France…

-          Comment ? Tu veux retourner en France ? De tout mon cœur je te demande de rester, j’ai le devoir de m’occuper de toi et de Mike maintenant que John est parti.

-          Mais tu as déjà bien assez de choses à faire…

-          Jodie, le bonheur pour moi est d’avoir un foyer et de m’occuper de vous comme une « maman ». Je n’ai pas l’intention de déménager, nous resterons ici jusqu’à la fin de vos études. Reste, Jodie !

La jeune fille reste muette de reconnaissance, elle pose sa main sur la sienne. C’est alors qu’elle aperçoit Mike, près des fourneaux, une casserole à la main. Kelly regarde Jodie amusée et lui fait un clin d’œil :

-          Le repas a l’air succulent, dit-elle

Jodie, interloquée, regarde Mike à son tour et voit poindre un léger sourire aux commissures de ses lèvres. Elle comprend alors que rester parmi ces deux-là ne constitue plus un problème, finalement.

 

Malgré un emploi du temps très chargé pour Kelly qui est journaliste, elle trouve de la disponibilité pour subvenir aux besoins de Jodie et Mike et de leur offrir un foyer agréable et confortable. Les deux jeunes gens se montrent de plus en plus brillants dans leurs études de la science.

 

Un soir, alors que Kelly est au Texas pour quelques jours, Mike se décide à parler sérieusement à Jodie. Ils mangent tous les deux un sandwich devant la télévision où passe une série stupide.

-          Jodie, ça fait des siècles que je dois te dire quelque chose d’important.

-          Vas-y, je t’écoute.

-          Eh bien voilà, commence-t-il en français, heu… mon père m’a fait un jour une révélation qui m’a permis de réaliser pas mal de choses… En fait… heu… oh, je ne sais pas comment te dire ça !

La jeune fille éclate de rire :

-          Reprend ton calme ! A voir ton air, on dirait que tu crois que je vais te manger !

Il laisse échapper un mince sourire et reprend :

-          Tu te souviens, lorsque nous étions sur la plage d’Hélium, tu m’avais raconté ton histoire…

-          Comment aurais-je pu oublier ce soir-là !

-          Eh bien je crois… je suppose que John est…

Il n’a pas le temps de finir sa phrase, la porte s’ouvre et Kelly apparait :

-          Bonsoir ! Je suis rentrée plus tôt que prévu, un rendez-vous de moins dans l’agenda, c’est pas de refus !

Mike lance un regard désespéré vers son amie. Elle comprend qu’il est contrarié d’avoir été interrompu dans leur conversation.

 

L’air visiblement gêné de Mike a fait réfléchir Jodie. Quelques jours plus tard, alors qu’ils sont seuls à nouveau, elle lui demande :

-          Que voulais-tu me dire  l’autre jour ?

-          Oh… rien. De toute façon, c’était sans importance…

Jodie le regarde inquiète. Alors, Mike la prend dans ses bras, et avant de l’embrasser, il murmure :

-          Tu n’as pas peut-être pas retrouvé tes vrais parents, mais une chose est sûre : tu as trouvé l’homme de ta vie !

 

 

***

 

 

EPILOGUE

 

RECIT D’UN VIEIL HOMME

 

 

Ce soir-là, comme les arrière petits-enfants demandaient que leur papy leur raconte une histoire, le vieil homme les fit s’assoir tous sur le tapis, lui était installé dans un fauteuil. Il faisait sombre dans le salon, l’arrière grand-mère tricotait sur son siège à bascule. Il commença son récit :

«  Il était une fois une jeune fille d’une beauté, d’une fraîcheur et d’une intelligence sans pareille. Un jour, elle découvrit que les gens avec qui elle vivait n’étaient pas sa vraie famille. Elle se rendit compte aussi qu’elle était originaire d’une autre planète. Elle devint peu à peu obsédée par le désir de retourner parmi les siens, c’est pourquoi elle décida de partir à leur recherche sur cette planète, nommée Hélium…

-          Elle a vraiment existé, cette planète, papy ? demanda le petit John.

-           Oui, bien sûr ! Les humains l’ont découverte alors que j’étais un tout petit bébé. Elle était magnifique, il y avait des animaux sauvages et de belles et grandes forêts. Malheureusement, elle a explosé il y a vingt ans déjà, à cause de produits chimiques que les hommes ont importés de la terre… La bêtise humaine n’a pas de limites…

-          Tu y es allé sur cette planète, papy ?

-          Oui, j’y ai passé toute mon enfance… Donc, je disais que la jeune fille s’était rendue sur Hélium. Elle y fit connaissance d’un chercheur et de son fils. Dès que les regards des deux jeunes gens se croisèrent, ils comprirent qu’ils s’aimeraient pour toute une vie. Un soir, au clair de la lune d’Hélium, ils se racontèrent chacun leur secret : la jeune fille apprit que le jeune homme n’était pas le vrai fils du scientifique, le jeune homme apprit que cette jeune fille cherchait sa vraie famille et qu’elle possédait un pouvoir qui faisait rougir ses yeux et qui lui permettait de lire dans les pensées ou de forcer quelqu’un à faire quelque chose…

-          Comme de la magie ?

-          Oui, c’est ça, comme de la magie ! La jeune fille savait que l’un de ses parents était terrien et l’autre héliumien. Ce qu’elle ne savait pas, c’est qu’elle était chez elle, ce soir-là, car, en effet, le brave chercheur était en fait son vrai papa. Personne ne le savait. Plus tard, c’est je jeune homme qui a découvert la vérité lorsque son père adoptif lui a raconté un événement tragique de son passé : il avait une femme héliumienne, elle était enceinte d’une petite fille. Elle avait été cruellement enlevée puis tuée en France par des terroristes scientifiques. Le brave homme pensait que le bébé avait suivi le même sort que sa mère, mais il s’était trompé. Cet enfant avait miraculeusement été épargné, il avait été adopté par une gentille famille et avait grandi. Cet enfant, cette petite fille, était devenu cette jolie jeune fille dont il était tombé amoureux. Mais pour repartir à la recherche de ses vrais parents, cette dernière les quitta, puis elle eut un grave accident. Le brave scientifique la ramena sut Terre, elle était plongée dans un profond coma. Lorsqu’elle se réveilla, elle s’aperçut qu’elle ne possédait plus son pouvoir. Elle l’avait perdu à tout jamais. Comme le scientifique et son fils étaient revenus habiter sur terre, en Amérique, elle partit les rejoindre et termina ses études là-bas. Le brave scientifique mourut. Quelques années plus tard, les deux jeunes gens devinrent tous deux de célèbres chercheurs. Ils se marièrent et eurent des enfants. Ils vécurent dans une grande et belle maison et furent heureux toute leur vie.

Les enfants applaudirent en poussant des cris de joie. Le petit John questionna encore :

-          Et le jeune homme, il n’a jamais dit à la jeune fille qui était son vrai père ?

L’arrière grand-père regarda tendrement sa femme et lui sourit avant de répondre   :

-          Oh si ! Mais beaucoup, beaucoup plus tard !

Les petits n’avaient peut-être pas bien saisi toute l’histoire, mais qu’importait ? L’essentiel, c’était que l’arrière grand-mère avait, elle, écouté avec attention l’histoire du vieil homme. Et personne, sauf lui, ne remarqua que des larmes d’émotion coulaient le long de ses joues ridées.

 

-FIN- 

 

LIRE HELIUM EN E-BOOK SUR : http://www.atramenta.net/lire/helium/34794

 

Publicité
Publicité
Commentaires
Helium
Publicité
Newsletter
Derniers commentaires
Publicité