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Helium
2 avril 2011

CHAPITRE 6

La neige couvre les toits. Noël approche. Jodie vient de recevoir la nouvelle qu'elle ne peut être admise en classe supérieure l'année prochaine. Ses parents l'ont près mal pris mais ils n'ont pas parlé à leur fille adoptive de leur mécontentement sous les prières de Laetitia qui a toujours une confiance aveugle en sa chère soeur.

 

***

 

Le réveil sonne. Jodie se lève, déjeune et s'habille. Aujourd'hui, elle doit aller à Paris visiter la nouvelle base spatiale avec un petit groupe de son école. Cette visite est réservée aux élèves qui désirent s'orienter vers des études scientifiques.

***

Le groupe descend du métro. Ils se trouvent dans l'aeroport d'Orly. Jodie frissonne en se souvenant des émotions qu'elle a vécues l'été dernier dans cet endroit. Le groupe marche en direction de la base. Jodie est seule à l'arrière, ses amis n'osent même plus la supplier de se joindre à eux, elle est maussade et triste. Elle ne rit plus, elle ne parle plus, elle se contente de répondre par oui ou par non lorsqu'on lui pose une question et elle retourne ensuite dans ses idées sombres, la tête baissée, le visage cerné sans plus aucune expression.

 Les élèves et les professeurs pénètrent dans la base. C'est un spectacle impressionnant : des fusées de toutes tailles se dressent sur la piste. Les tours de contrôle sont immenses. Un guide explique qu'une fusée part toutes les quarante-huit heures et que les étudiants vont justement pouvoir assister au départ de l'une d'entre elles, qui doit décoller dans une demi-heure. Il explique aussi qu'un engin semblable atterrit dans cette base aussi toutes les quarante-hui heures, en provenance biensûr d'Hélium. Ces machines volantes véhiculent sur la planète jumelle de la Terre des ordinateurs, des fruits, des légumes terriens, des minerais, de l'eau de mer, des animaux... Bref, toutes sortes de choses servant à réaliser des expériences sur Hélium. Bien entendu, autant de matériaux typiquement héliumiens sont importés sur Terre semblablement.

Le guide montre la fusée qui, dans une demi-heure, sera dans l'espace en route pour la planète lointaine. Elle transportera des vaches terriennes qu'on veut mettre dans les prairies héliumiennes.

Jodie reste un moment en contemplation devant cette machine qui est destinée à aller sur SA planète. Elle regarde le groupe qui s'éloigne et pense soudain qu'il lui faut risquer le tout pour le tout.

Jodie laisse encore ses amis prendre un peu d'avance et elle se cache derrière la fusée. Elle cherche la porte, il y en a plusieurs mais elles sont toutes closes. Son plan a fonctionné : personne ne s'est rendu compte de son absence. Soudain, un homme en uniforme de travail approche, ce doit être un mécanicien. Jodie l'observe mais lui, il ne peut pas la voir. Il ouvre une porte qui se dessine dans le métal de la fusée. Des meuglements se font entendre : c'est derrière cette porte que se trouve le troupeau de vaches. L'homme entre dans la fusée, il ressort au bout de quelques minutes. Il tâte ses poches en ayant l'air de chercher quelque chose, il entrebaille la porte métallique et court vers le bâtiment. La sauvageonne n'hésite même pas une seconde : il lui faut saisir immédiatement cette chance qui s'offre à elle. C'est la chance de sa vie.

Elle contourne la fusée et arrive devant la porte entrouverte, elle l'ouvre entièrement et se glisse à l'intérieur de la fusée. Elle se trouve dans une sorte de couloir très étroit, de la taille d'un ascensseur. Une autre porte se dessine face à elle. Mais celle-ci s'ouvre en coulissant de haut en bas. Jodie soulève le battant, pénètre dans la nouvelle pièce et rabat aussitôt la porte lourde. Une odeur désagréable reigne dans l'atmosphère de la pièce sombre. Un spectacle terrifiant s'offre à ses yeux : les yeux phosphorescents des bovins bougent dans tous les sens, des meuglements retentissent de tous les côtés. Puis la jeune fille perçoit un claquement sourd. Elle comprend que l'homme est revenu et qu'il vient de fermer définitivement la porte qui donne sur l'extérieur : la voilà coincée, incapable de reculer devant ce qui l'attend à présent. Il est trop tard pour renoncer. Dans vingt-quatre heures, elle sera sur Hélium.

Les minutes qui précèdent le départ semblent interminables. Jodie consulte sa montre munie d'une lumière : il reste un quart-d'heure avant le décollage.

Soudain, elle entand un bruit qui n'est pas produit par les vaches. Le pilote vient sans doute d'entrer dans la fusée. Son hypothèse est certifiée car elle entend les moteurs se mettre en marche. Le sol vibre un peu. La coeur battant, elle attend en tendant l'oreille, elle essaie de percevoir d'autres bruits mais les cris infernaux des bovins l'en empêchent.

Tout à coup, les meuglements se font moins forts, puis une odeur nauséabonde parvient aux Narines de la jeune fille. Son coeur bat encore plus vite : un gaz est diffusé pour endormir les animaux durant le décollage, sûrement pour qu'ils ne paniquent pas. Jodie s'emmitoufle dans son anorak mais malgré elle, finit par perdre connaissance.

fusee_vega

 

Elle s'éveille. Une douleur atroce dans le crâne la fait souffrir. Elle regarde autour d'elle effrayée par les centaines de points lumineux figés vers elle. Elle se souvient alors que ce sont les yeux des vaches. Elle consulte sa montre : dix neuf heures. Cela fait donc huit heures qu'elle se trouve dans cette fusée en direction d'Hélium. Il reste seize heures de voyage dans cet enfer obscur. Les animaux se sont calmés. ils sont allongés et restent immobiles sans broncher, incapables de remuer sous l'effet du gaz. Jodie elle-même s'aperçoit qu'elle ne peut faire un geste. Ses membres sont engourdis. Des tiraillements dans l'estomac la font souffrir énormément. Comme elle est capable de bouger un peu ses bras, elle parvient à tirer de sa poche trois chewing gum et une barre de chocolat. Il faut qu'elle économise ces petits trésors afin de pouvoir tenir encore seize heures. Le problème de la nourriture sur Hélium ne se posera pas, elle a lu dans le livre qu'il y avait des forêts d'arbres fruitiers très nourrisants.

Minuit : Jodie a dormi une heure et demi mais la faim et la douleur l'ont reveillée et l'ont poussée à manger la moitié de sa barre de chocolat.

Deux heures : que c'est long d'attendre dans le noir d'une pièce si désagréable! La jeune fille a maché tous ses chewing-gums.

Cinq heures : ça y est, Jodie qui jusqu'à présent avait réussi à retenir ses larmes, se met à pleurer et à regretter son acte. Elle mange la deuxième moitié de sa barre de chocolat.

Six heures : le temps est long, de plus en plus long!

Sept heures moins le quart : Jodie pense que c'est l'heure en France où les lumières commencent à s'allumer un peu partout dans les maisons et les immeubles. Elle pense à ses pauvres parents et à sa chère petite soeur. Comme ils doivent être inquiets! Comme elle a eu tort d'être si désagréable avec eux ces derniers temps! Comme elle regrette de les avoir quittés sans prévenir! Pauvre maman. Pauvre papa! Pauvre Laetitia! Pourquoi Jodie a-t-elle été si stupide? Pourquoi cherche-t-elle une famille alors que les gens qu'elle aime le plus au monde vivent avec elle? Pourquoi chercher une famille de sang quand on en a déjà une qui l'est par le coeur?

Sept heures et demi : les idées s'embrouillent dans l'esprit de la jeune fille. Il ne faut pas s'évanouir, non, il ne faut pas!

Huit heures : elle n'a pas su tenir, elle a perdu connaissance.

Onze heures : elle ouvre les yeux, une odeur qu'elle connait se propage dans la pièce. Oh non, le gaz!

 

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